Encore bien avant l’heure – Montparnasse Pondichéry

Tous les ans, Pondichery lance le compte à rebours terminal. En léger décalage horaire, on y passe le baccalauréat plusieurs semaines à l’avance. Tous les ans, la divulgation des sujets proposés provoque une sorte de panique chez les élèves de métropole : portions de programme non étudiées, formulations inattendues, problématiques complexes. On dirait presque qu’on ne s’en sortira pas. Mais comme nous avons la chance de vivre dans un autre espace/temps que l’Inde, on peut se dire qu’en quelque sorte, en prenant connaissance des sujets qui y ont été proposés, c’est un peu comme si nous faisions un saut dans le futur afin d’y jeter un coup d’oeil pour s’y préparer un peu mieux, dans la mesure du possible (mais étant donné le niveau d’impossibilité auquel on se confronte déjà, ce serait bête de renoncer en si bon chemin).

Nous avons donc vu le futur, et nous en tirons un premier enseignement : on n’y trouve pas de filière littéraire.

Pour le reste, voici les sujets proposés, auxquels les élèves des autres parties du monde ont échappé :

Terminale ES :

1er sujet : Peut-on dire que les hommes font l’histoire ?

2e sujet : Le commerce favorise-t-il la paix ?

3e sujet : Expliquer le texte suivant :

« Si l’homme était forcé de se prouver à lui-même toutes les vérités dont il se sert chaque jour, il n’en finirait point; il s’épuiserait en démonstrations préliminaires sans avancer; comme il n’a pas le temps, à cause du court espace de la vie, ni la faculté, à cause des bornes de son esprit, d’en agir ainsi, il en est réduit à tenir pour assurés une foule de faits et d’opinions qu’il n’a eu ni le loisir ni le pouvoir d’examiner et de vérifier par lui-même, mais que de plus habiles ont trouvés ou que la foule adopte. C’est sur ce premier fondement qu’il élève lui-même l’édifice de ses propres pensées. Ce n’est pas sa volonté qui l’amène à procéder de cette manière; la loi inflexible de sa condition l’y contraint.

Il n’y a pas de si grand philosophe dans le monde qui ne croie un million de choses sur la foi d’autrui, et qui ne suppose beaucoup plus de vérités qu’il n’en établit.

Ceci est non seulement nécessaire, mais désirable. Un homme qui entreprendrait d’examiner tout par lui-même ne pourrait accorder que peu de temps et d’attention à chaque chose; ce travail tiendrait son esprit dans une agitation perpétuelle qui l’empêcherait de pénétrer profondément dans aucune vérité et de se fixer avec solidité dans aucune certitude. Son intelligence serait tout à la fois indépendante et débile. Il faut donc que, parmi les divers objets des opinions humaines, il fasse un choix et qu’il adopte beaucoup de croyances. sans les discuter, afin d’en mieux approfondir un petit nombre dont il s’est réservé l’examen.

Il est vrai que tout homme qui reçoit une opinion sur la parole d’autrui met son esprit en esclavage; mais c’est une servitude salutaire qui permet de faire un bon usage de la liberté. »

Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique

La connaissance de l’auteur n’est pas requise. Il faut et if suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Terminale S :

1er sujet : Est-ce le cerveau qui pense ?

2e sujet : La religion est-elle contraire à la raison ?

3e sujet : Expliquer le texte suivant :

« Quand des personnes se soumettent à l’autorité d’autrui, c’est pour se procurer une certaine garantie contre la malfaisance et l’injustice des hommes, qui sont perpétuellement poussés à violer toutes les lois de la société, par leurs passions indisciplinées et leur intérêt immédiat et présent. Mais comme cette imperfection est inhérente à la nature humaine, nous savons qu’elle doit suivre les hommes dans tous leurs états et toutes leurs conditions, et que ceux que nous choisissons comme dirigeants ne deviennent pas aussitôt d’une nature supérieure à celle du reste de l’humanité, sous prétexte que leur pouvoir et leur autorité le sont. Ce que nous attendons d’eux ne dépend pas d’un changement de leur nature, mais d’un changement de leur situation, lorsqu’ils acquièrent un intérêt plus immédiat au maintien de l’ordre et à l’exécution de la justice. Mais, outre que cet intérêt est plus immédiat seulement pour l’exécution de la justice par leurs sujets, et non dans les différends entre eux-mêmes et leurs sujets, outre cela, dis-je, nous pouvons souvent attendre, à cause des irrégularités de la nature humaine, qu’ils négligent même cet intérêt immédiat et que leurs passions les mènent dans tous les excès de cruauté et de l’ambition. Notre connaissance générale de la nature humaine, notre observation du passé de l’humanité, notre expérience des tempes présents, tout cela doit nous conduire à accueillir les exceptions et nous faire conclure qu’il nous est permis de résister aux effets plus violents du pouvoir suprême sans qu’il y ait là un crime ou une injustice. »

Traité de la nature humaine, Hume

La connaissance de l’auteur n’est pas requise. Il faut et if suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Terminales technologiques :

1er sujet : L’expérience nous instruit-elle ?

2e sujet : L’art répond-il à un besoin ?

3e sujet : Explication d’un texte extrait de Locke.

« Il est certain que la fin d’une loi n’est pas d’abolir ou de restreindre la liberté mais de la préserver et de l’augmenter. Ainsi, partout où vivent des êtres créés capables de lois, là où il n’y a pas de lois il n’y a pas non plus de liberté. Car la liberté consiste à n’être pas exposé à la contrainte et à la violence des autres ; ce qui ne peut se trouver là où il n’y a pas de loi. La liberté n’est toutefois pas, comme on le prétend, le loisir pour tout homme de faire ce qui lui plaît – qui, en effet, serait libre là où n’importe quel autre, d’humeur méchante*, pourrait le soumettre ? – mais le loisir de conduire et de disposer comme il l’entend de sa personne, de ses biens, et de tout ce qui lui appartient, suivant les lois sous lesquelles il vit ; et par là, de n’être pas sujet à la volonté arbitraire d’un autre mais de suivre librement la sienne propre. »

LOCKE

* d’humeur méchante : se dit d’un homme de tempérament violent.
Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1. Dégagez la thèse de ce texte et montrez comment elle est établie.

2. a) Expliquez : « la liberté consiste à n’être pas exposé à la contrainte et à la violence des
autres ».
b) Pourquoi la liberté ne consiste-t-elle pas pour chacun à « faire ce qui lui plaît » ?
c) Expliquez : la liberté est « le loisir de conduire et de disposer comme il l’entend de sa personne, de ses biens, et de tout ce qui lui appartient ».

3. Les lois ont-elles pour but de préserver et d’augmenter la liberté ?

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