Un peu avant l’heure – « Beyrouth Hotel »

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Poursuivant notre tour du monde des sujets, on jette un coup d’oeil par dessus l’épaule de candidats au baccalauréat organisé au Liban. De nouveau, on peut se mesurer à l’épreuve sans que l’expérience tourne au drame. Profitons-en, il reste encore une semaine pour se faire peur impunément.

Une remarque : la question artistique est le dénominateur commun des sujets proposés à Beyrouth. On ne peut en tirer aucune conclusion, si ce n’est qu’une même session d’examen peut se focaliser sur une notion, indépendamment des sujets censés se trouver au coeur de telle ou telle filière. D’ailleurs, on trouve cette année assez peu de sujets visant la question scientifique.

Série littéraire :

Sujet n°1 :

Le langage détermine t-il notre rapport au réel ?

Sujet n°2 :

L’art est-il un divertissement ?

Sujet n°3 :

« Si les châtiments seuls, et non la nature, détournaient les hommes de l’injustice, une fois la crainte des châtiments ôtée, de quoi les méchants pourraient-ils s’inquiéter ?Cependant il ne s’est jamais rencontré criminel assez “effronté, ou pour ne pas nierqu’il eût commis le crime, ou pour ne pas alléguer sa propre souffrance comme unmotif légitime, ou pour ne pas chercher dans le droit naturel quelque moyen dedéfense. Si les méchants osent invoquer pareilles excuses, à plus forte raisonpourront-elles l’être par les gens de bien. Si seule la peine encourue, la crainte du châtiment, et non la laideur même de l’acte, détourne les hommes d’une vie injuste et criminelle, personne n’est injuste : les méchants doivent plutôt être considérés comme des hommes qui calculent mal. Et nous’ qui ne sommes pas déterminés à être des gens de bien par la recherche de l’honnêteté elle-même, mais par celle de l’utilité et du profit, nous sommes habiles et non vertueux. Que fera en effet dans les ténèbres l’homme qui n’a d’autre crainte que celle du témoin ou du juge ? S’il vient àrencontrer en un lieu désert un homme chargé d’or et qu’il peut dépouiller, un êtreseul et sans défense, que fera-t-il ? En pareille occurrence notre homme de bien ànous, celui qui est juste et bon parce que la nature Ieveut, conversera avec levoyageur, l’aidera, le remettra dans son chemin. Quant à celui qui ne fait rien pourautrui et qui, en toutes choses, prend pour mesure son intérêt, vous voyez, je pense,ce qu’il fera. Niera-t-il qu’il veuille en pareil cas attenter à la vie de son semblable etlui prendre son or ? S’il s’en abstient, ce ne sera jamais parce qu’il juge pareilleaction laide au regard de la nature, mais parce qu’il craint d’être découvert et d’ensubir les conséquences. »

CICÉRON, Les Lois

Série économique et sociale : 

Sujet n°1 :

La morale peut-elle se réduire à un ensemble d’interdictions ?

Sujet n°2 :

La laideur peut-elle intéresser l’artiste ?

Sujet n°3 :

« La tradition critique occidentale, qui nous vient des Grecs, est celle de la discussion critique : elle consiste à examiner et à tester les propositions ou les théories en essayant d’en produire la réfutation. Il ne faut pas voir dans ce processus une méthode de démonstration qui permettrait, en dernière analyse, d’établir la vérité ; et il ne s’agit pas non plus d’une démarche aboutissant nécessairement à la formation d’un consensus. Son intérêt vient plutôt de ce que la discussion permet aux divers interlocuteurs de modifier, peu ou prou, leur sentiment et, au terme de cet échange, d’être devenus plus avisés.

On prétend souvent que la discussion n’est possible qu’avec des partenaires qui tiennent un même langage et souscrivent aux mêmes hypothèses fondamentales. Or ce n’est pas vrai. Il suffit seulement d’être disposé à apprendre auprès de l’interlocuteur avec lequel on discute, ce qui implique le désir réel de comprendre le message que celui-ci veut faire passer. Et lorsque cette disponibilité existe, la fécondité du débat est d’autant plus grande que les participants viennent d’horizons différents. L’intérêt d’une discussion est donc fonction, dans une large mesure, de la diversité des conceptions qui s’y affrontent. »

Popper – Conjectures et réfutations

Série scientifique 

Sujet n°1 :

Un Etat démocratique doit-il tolérer toutes les opinions ?

Sujet n°2 :

L’originalité fait-elle la valeur de l’oeuvre d’art ?

Sujet n°3 :

« On ne désire en réalité qu’une chose : le bonheur. Toute chose qu’on désireautrement qu’à titre de moyen conduisant à quelque but plus éloigné, et en définitiveau bonheur, est désirée comme une partie même du bonheur et n’est pas désiréepour elle-même tant qu’elle n’est pas devenue une partie du bonheur. Ceux quidésirent la vertu pour elle-même la désirent, soit parce que la conscience de laposséder est un plaisir, soit parce que la conscience d’en être dépourvu est unepeine, soit pour les deux raisons réunies ; car, à vrai dire, le plaisir et la peine en cecas existent rarement séparés, mais se présentent presque toujours ensemble, lamême personne éprouvant le plaisir d’avoir atteint un certain degré de vertu et lapeine de ne pas s’être élevée plus haut. Si elle n’éprouvait ni ce plaisir, ni cettepeine, c’est qu’elle n’aimerait pas ou ne désirerait pas la vertu, ou la désireraitseulement pour les autres avantages qu’elle pourrait lui apporter, soit à elle-même,soit aux personnes auxquelles elle tient. »

MILL, L’Utilitarisme

référence de l’illustration : http://browse.deviantart.com/?qh=&section=&global=1&q=exams#/d13klkq

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