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On ne sait pas s’il y a grand sens à aller au Grand Palais se noyer dans la foule pour contempler les toiles de Hopper. Le regard a besoin d’espace, et l’esprit a besoin de recueillement pour habiter ces scènes qu’on croirait tirées de longs métrages en cinémascope, et ce sont des conditions qui réclameraient une certaine intimité, que la foule n’autorise que trop peu, quelle que soit la puissance de ces tableaux. Cependant, les oeuvres sont là, et pour certaines, elles sont difficilement accessibles en dehors de ce temps de mise en spectacle. Alors, bien que cette peinture puisse semble être saisie dans une sorte de sous-exposition, de nuit américaine qui la rend peut être peu compatible avec les feux de la rampe, peut être faut il faire abstraction du lieu de rendez vous qui a été fixé avec elles.

En avant goût, spécialement pour mes élèves à qui on a proposé, pendant leurs vacances, de méditer à partir du tableau intitulé Excursion into philosophy (1959), je propose deux pistes, deux toiles indices, qui pourraient servir de repères venant épauler l’interprétation. On pourra s’y reporter comme à des variations sur un même thème, ou des étapes dans un cheminement. Il s’agit d’une oeuvre antérieure, Summer in the city (1950), et d’une autre, postérieure, Sun in an empty room (1963). Il est possible de lire, dans la succession de ces trois tableaux, un mouvement dialectique qu’il s’agirait d’expliciter.

Summer in the city :

Excursion into philosophy :

Sun in an empty room

Dernier détail, pour la route, qui pourrait bien décider de la direction que prendra le commentaire : Joséphine Hopper, l’épouse d’Edward, tenait un « record book », un registre dans lequel elle notait tous les détails de chaque oeuvre de son mari. Dans la section consacrée à Excursion into philosophy, on peut y lire les notes suivantes :  « Real Hopper landscape out of the window : A.M. sun in blue sky touching green dune top, window sill, rug, man, leg of female in pink shirt & black wall. The open book on the bed is Plato, reread too late. Walls neutral greenish. Man in white shirt« . Un livre de Platon, relu trop tard. On laissera quelques jours les enquêteurs creuser cette piste.

A ce triptyque   formellement cohérent, on serait tenté d’ajouter ce quatrième tableau,  qui demeure le tout dernier peint par Edward Hopper, intitulé Two comedians (1965). On n’en dit pas davantage, mais le faisceau d’indices, les chemins ébauchés et les quelques connaissances engrangées, ainsi que les entraînements effectués avec Rembrandt, devraient permettre de produire de belles paroles à partir de ces belles expériences.

Two comedians :

Pour une exploration plus approfondie et plus générale de la peinture de Hopper, on ne saurait trop conseiller d’essayer de s’y confronter directement. On pourra aussi regarder le documentaire de Jean-Pierre Devillers, intitulé la Toile blanche d’Eward Hopper, déjà diffusé sur Arte et sans doute disponible aujourd’hui sous forme de dvd. Pour une présentation de ce document, suivez ce lien : http://videos.arte.tv/fr/videos/la-toile-blanche-d-edward-hopper-extrait–6989090.html

Pour les informations sur l’exposition, c’est par ici :  http://www.grandpalais.fr/grandfomat/exposition/edward-hopper/

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