Le Cloud du Spectacle

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Si on veut bien oublier trente secondes le fait que le travail soit pénible, et si on veut bien, aussi, ne pas le réduire à l’emploi et à la simple tâche, alors il devient ImageGenpossible d’y discerner une dimension dans laquelle on serait susceptible de pouvoir s’épanouir et peut-être même se réaliser. Voila, en gros, le concentré de ce qu’on va penser, en cours, à propos du travail.

Il se trouve qu’une récente campagne de publicité pour la bière Guinness met en scène un nuage qui, peu à peu, investissant le monde humain, atteint la reconnaissance, non seulement parce qu’il se voit, lui-même, dans les murs miroir des gratte-ciels, mais aussi, tout simplement, parce qu’il fait des choses « The more he saw, the more he did; and the more he did, the more he became ».

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On peut se demander, sans fin, en quoi consiste le travail. On pourrait trouver dans la chute de cette publicité une piste de réflexion : « You see, he wasn’t just a cloud, he was a cloud made of more. »

Travailler, c’est aller vers ce « petit plus » qui fait que ni les choses, ni soi-même ne restent tout à fait en l’état.

Ah, et sinon, pourquoi un nuage pour une publicité ? Les voies du marketing sont impénétrable. Mais après tout, ce qui fait de la bière ce qu’elle est, c’est cette partie presque immatérielle d’elle-même qui flotte au dessus d’elle. Sa mousse, son âme. De la mousse au nuage, il n’y avait qu’un pas, il suffirait de sauter dans l’écume. Evidemment, on peut se méfier du discours de la réclame, qui veut toujours faire passer l’expérience commune pour « plus » que ce qu’elle est. De l’autre, au-delà de la marque dont on cherche là à effectuer le marketing conceptuel, on peut aussi se dire qu’il y a, dans la dégustation de ce genre de breuvage, une expérience esthétique dont on sait qu’on a du mal à la formuler : quand c’est beau, on sait que ça l’est, mais on ne saurait trop dire pourquoi. Boire une bonne bière, c’est une expérience esthétique, et tout ce qu’on peut dire, c’est que si ça dépasse le simple fait de déambuler le soir avec une 8,6 à la main, c’est pour des raisons mystérieuses qu’on ne saurait dire, ou du moins, le discours ne serait jamais à la hauteur de la singularité de l’expérience. La bonne bière a quelque chose de plus que les autres, mais on ne saurait dire quoi, si ce n’est qu’elle est, comme tout ce qui est beau, « made of more« .

Mais la bière aurait quelque chose de spécifique, qui en fait une substance paradoxale : si elle est bien versée, elle transporte sa valeur esthétique hors d’elle-même, au dessus du liquide fermenté qui la constitue. Elle se transcende en sa propre mousse. Le faux-col de la bière est l’espace qu’elle ouvre au-delà d’elle-même, et en lequel l’expérience de sa dégustation échappe aux règles matérielles de l’abreuvement.

Finalement, de la bière à Vélasquez, il n’y a qu’une gorgée.

Comme quoi travailler un peu sa maîtrise de l’analyse conceptuelle, ça peut aider; y compris pour faire des publicités.

Un de ces jours, si vous êtes sages, je vous ferai tout un topo sur le travail, à partir des publicités pour les rasoirs Philips. Si si.

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