5h de l’après midi. C’est l’heure de faire 4h en écoutant Sartre chez Jacques Chancel

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Jean Paul Sartre On France Inter Microphone For The Programme 'Radioscopie' By Jacques Chancel (Photo by JARNOUX Patrick/Paris Match via Getty Images)

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Jean Paul Sartre On France Inter Microphone For The Programme ‘Radioscopie’ By Jacques Chancel (Photo by JARNOUX Patrick/Paris Match via Getty Images)

Vous êtes un lycéen, 17 ans, vous rentrez du lycée, de type Pailleron, dans lequel, quotidiennement, vous vous rendez pour suivre vos cours, préparant le baccalauréat, section A. Aujourd’hui, la tension était palpable dans votre établissement, puisqu’hier, un collège semblable a connu un incendie au cours duquel vingt-deux personnes ont péri. Claude Guillaumin en parlera ce soir au journal télévisé. Comme tous les jours, votre mère vous a ramené en voiture du lycée, et comme tous les jours, une fois sorti de la Simca 1100, vous faites un saut dans la cuisine pour vous faire une sandwich pain de mie – beurre – Banania. Vous vous apprêtiez à rejoindre votre chambre pour faire vos devoirs en écoutant Led Zeppelin, quand depuis le salon vous entendez les premières mesures de la Grande Valse, de Georges Delerue qui, comme tous les jours à 5 h. de l’après midi, émane du poste à transistor familial, annonçant le début de l’émission que votre mère ne raterait pas pour tout l’or du monde : Radioscopie, par Jacques Chancel.

Nous sommes le 2 Février 1973. C’est Jean-Paul Sartre qui est invité ce soir. Comme vous faites de la philosophie depuis septembre, et puisque votre professeur vous a déjà donné des textes de cet auteur à étudier, vous repoussez Led Zep’ et les devoirs à plus tard, et vous rejoignez votre mère dans le salon pour écouter, pendant une heure, Sartre jouant le personnage de Sartre, une heure en compagnie de la voix déjà institutionnelle de Chancel questionnant Sartre comme s’il s’agissait d’une psychanalyse existentielle. A mi émission, votre père rentrera du travail; sans parler , comme à chaque fois qu’il rentre un peu plus trop, afin de ne pas troubler le rendez-vous quotidien de votre mère avec les célébrités du moment et cette voix masculine qui la fait secrètement vibrer, et dont elle ne découvrira le visage que plusieurs années plus tard, lorsqu’on plantera un poste télévisé au beau milieu du salon. Après avoir été chercher un seau de charbon à la cave pour alimenter le poêle, il prendra place dans son fauteuil, avec un bol de Viandox pour se réchauffer du froid mordant de l’hiver. Il lit encore France-Soir, mais ne sait plus trop pourquoi. Peut être parce que Libération devra encore attendre Avril pour apparaître dans les kiosques.

D’ailleurs, Sartre est venu pour parler de la préparation de ce nouveau journal, dont il est l’un des instigateurs.

Evidemment, vous n’êtes pas bachelier en section A, vous n’avez pas 17 ans en 1973, nous ne somme pas en février, vous n’écoutez sans doute pas la radio sur un transistor. Votre père lit peut être Libé, mais il ne sait plus trop pourquoi. Peu importe : nous sommes ce que nous ne sommes pas, nous ne sommes pas ce que nous sommes.

Avec un léger décalage horaire, vous pouvez écouter cette émission. Posez-vous, fermez les yeux, vous êtes en 1973, c’est l’hiver. Jacques Chancel et Jean-Paul Sartre se parlent, tout en sachant que vous les écoutez :

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3 Comments

  1. – Pour vous, Jean-Paul Sartre, la vie, qu’est ce que c’est ?
    – La vie, c’est un combat…
    – Et la mort, Jean-Paul Sartre ?
    – La mort c’est la fin du combat…

  2. Au bout d’un moment, ça devient énervant d’avoir les mêmes références. Rires.

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