Commencer par la fin

In Camus, Etudes de textes, Introduction à la philosophie, Philosophie

Albert CAMUS, prix Nobel de littérature en 1957 pour l'ensemble de son oeuvre, part en Suède en train pour recevoir le prix : attitude de l'écrivain debout dans un couloir, regardant par une vit

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Et si on commençait par le côté obscur de la force philosophique ? On n’a pas attendu l’entrée en Terminale pour se rendre compte que la vie est rude, au point d’en arriver à se demander si elle vaut la peine d’être vécue. A 17 ans, on est déjà assez vieux pour avoir eu son lot de souffrances, et on demeure suffisamment jeune pour avoir l’impression de se trouver au pied d’une montagne d’inquiétude, si haute qu’on n’arrive pas à en entrevoir le sommet. Et si jamais on n’avait pas encore été saisi de vertige face à l’avenir, la perspective de « l’après bac » invite à lever les yeux pour mieux apprécier la masse des soucis à venir, et comprendre qu’on ne peut ni connaître, ni comprendre, ni maîtriser ce qui nous attend.

Dès lors, Albert Camus ne nous apprend rien quand nous lisons la célèbre première ligne de son essai, Le Mythe de Sisyphe (1942) : « Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide ». Quand on est en âge de lire Camus, on sait cela. Et si le métier d’un écrivain consiste à mettre les mots exacts sur les choses, alors Camus ne fait que mettre les mots exacts sur la chose exacte : si on veut se confronter à l’angoisse existentielle, mieux vaut lire Camus que rester prostré devant la page blanche sur laquelle on est censé inscrire ses vœux, sur Parcoursup.

Osons donc lire les choses telles que nous savons qu’elles sont :

Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie. Le reste, si le monde a trois dimensions, si l’esprit a neuf ou douze catégories, vient ensuite. Ce sont des jeux ; il faut d’abord répondre. Et s’il est vrai, comme le veut Nietzsche, qu’un philosophe, pour être estimable, doive prêcher d’exemple, on saisit l’importance de cette réponse puisqu’elle va précéder le geste définitif. Ce sont là des évidences sensibles au cœur, mais qu’il faut approfondir pour les rendre claires à l’esprit.

Si je me demande à quoi juger que telle question est plus pressante que telle autre, je réponds que c’est aux actions qu’elle engage. Je n’ai jamais vu personne mourir pour l’argument ontologique. Galilée, qui tenait une vérité scientifique d’importance, l’abjura le plus aisément du monde dès qu’elle mit sa vie en péril. Dans un certain sens, il fit bien. Cette vérité ne valait pas le bûcher. Qui de la Terre ou du Soleil tourne autour de l’autre, cela est profondément indifférent. Pour tout dire, c’est une question futile. En revanche, je vois que beaucoup de gens meurent parce qu’ils estiment que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. J’en vois d’autres qui se font paradoxalement tuer pour les idées ou les illusions qui leur donnent une raison de vivre (ce qu’on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir). Je juge donc que le sens de la vie est la plus pressante des questions.

Il arrive que les décors s’écroulent. Lever, tramway, quatre heures de bureau ou d’usine, repas, tramway, quatre heures de travail, repas, sommeil et lundi mardi mercredi jeudi vendredi et samedi sur le même rythme, cette route se suit aisément la plupart du temps. Un jour seulement, le « pourquoi » s’élève et tout commence dans cette lassitude teintée d’étonnement. « Commence », ceci est important. La lassitude est à la fin des actes d’une vie machinale, mais elle inaugure en même temps le mouvement de la conscience. Elle l’éveille et elle provoque la suite. La suite, c’est le retour inconscient dans la chaîne, ou c’est l’éveil définitif. Au bout de l’éveil vient, avec le temps, la conséquence : suicide ou rétablissement. En soi, la lassitude a quelque chose d’écœurant. Ici je dois conclure qu’elle est bonne. Car tout commence par la conscience et rien ne vaut que par elle. Ces remarques n’ont rien d’original. Mais elles sont évidentes : cela suffit pour un temps, à l’occasion d’une reconnaissance sommaire dans les origines de l’absurde. Le simple « souci » est à l’origine de tout.

De même et pour tous les jours d’une vie sans éclat, le temps nous porte. Mais un moment vient toujours où il faut le porter. Nous vivons sur l’avenir : « demain », « plus tard », « quand tu auras une situation », « avec l’âge tu comprendras ». Ces inconséquences sont admirables, car enfin il s’agit de mourir. Un jour vient pourtant et l’homme constate ou dit qu’il a trente ans. Il affirme ainsi sa jeunesse. Mais du même coup, il se situe par rapport au temps. Il y prend sa place. Il reconnaît qu’il est à un certain moment d’une courbe qu’il confesse devoir parcourir. Il appartient au temps et, à cette horreur qui le saisit, il y reconnaît son pire ennemi. Demain, il souhaitait demain, quand tout lui-même aurait dû s’y refuser. Cette révolte de la chair, c’est l’absurde.

Un degré plus bas et voici l’étrangeté : s’apercevoir que le monde est « épais », entrevoir à quel point une pierre est étrangère, nous est irréductible, avec quelle intensité la nature, un paysage peut nous nier. Au fond de toute beauté gît quelque chose d’inhumain et ces collines, la douceur du ciel, ces dessins d’arbres, voici qu’à la minute même, ils perdent le sens illusoire dont nous les revêtions, désormais plus lointains qu’un paradis perdu. L’hostilité primitive du monde, à travers les millénaires, remonte vers nous. Pour une seconde, nous ne le comprenons plus puisque pendant des siècles nous n’avons compris en lui que les figures et les dessins que préalablement nous y mettions, puisque désormais les forces nous manquent pour user de cet artifice. Le monde nous échappe puisqu’il redevient lui-même. Ces décors masqués par l’habitude redeviennent ce qu’ils sont. Ils s’éloignent de nous. De même qu’il est des jours où, sous le visage familier d’une femme, on retrouve comme une étrangère celle qu’on avait aimée il y a des mois ou des années, peut-être allons-nous désirer même ce qui nous rend soudain si seuls. Mais le temps n’est pas encore venu. Une seule chose : cette épaisseur et cette étrangeté du monde, c’est l’absurde.

Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe

1 – L’angoisse face à la valeur de l’existence

A – La question essentielle et, derrière elle, le problème

Les deux premiers paragraphes de cet extrait permettent de définir la nature de ce que Camus présente comme le problème fondamental de la philosophie. Et si la première phrase est saisissante, c’est parce qu’elle peut donner l’impression que ce problème est un acte. En réalité, il faut lire le mot « suicide » comme on lit un sujet de dissertation : le problème se situe au-delà du mot, dans ce qu’il suppose. Et Camus le précise immédiatement, afin qu’il n’y ait pas de malentendu, qu’on ne se complaise pas dans une réflexion un peu vaine sur le caractère spectaculaire du geste, et qu’on se concentre sur ce qui le présuppose. Parce qu’heureusement, le geste concerne une très petite minorité des êtres humains. En revanche, ce qui le présuppose nous concerne tous :

Savoir si « la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue », là est le véritable problème philosophique. A quoi le reconnaît-on ? Au fait que cette question n’ait pas de réponse. Elle est tout à fait aporétique : aucune des réponses qu’on pourrait lui apporter ne serait définitivement satisfaisante. C’est d’ailleurs le propre des questions philosophiques : elles ne sont jamais rhétoriques, et c’est ainsi qu’il faut lire tout sujet, toute question posée dans cette discipline. Pourtant, cette question que pose Camus il est crucial d’y répondre car l’enjeu, c’est la quantité d’effort qu’on va dépenser pour vivre. On n’engage pas une telle dépense sans avoir quelques garanties sur ce qu’on gagne en échange. Cette question est si fondamentale qu’elle relativise toutes les autres.

B – Echapper au divertissement

On pense, beaucoup, à Blaise Pascal en lisant cette entrée en matière : lui aussi au 17e siècle considérait qu’on consacrait beaucoup de temps à des activités futiles, si on les comparait au nécessaire questionnement que suscite le simple fait qu’on existe. Pascal désignait comme « divertissement » toutes les activités dans lesquelles on s’engage, qui nous détournent de cette question essentielle : « Qu’est-ce que je fais là ? » Le divertissement désigne donc évidemment le fait de s’adonner aux jeux, à la consultation frénétique de Tik Tok, mais aussi au fait de s’absorber totalement dans la lecture de Kant ou dans la résolution d’équations du quinzième degré. La question de notre raison d’être est tout particulièrement vertigineuse, car elle nous place devant le vide de notre existence, son absence de perspective, de sens en somme. Il n’est pas étonnant dès lors qu’elle nous vienne spontanément à l’esprit dans les périodes durant lesquelles nous n’avons rien à faire : on est alors submergé par l’ennui. Et l’ennui, c’est la prise de conscience du vide dans lequel est plongé notre existence quand on ne la remplit pas d’occupations. C’est ce vertige face au vide qu’on appelle « l’angoisse existentielle ».

C – Le vertige de l’existence, prise entre liberté et absurdité

On comprend mieux l’expression si on se souvient que le verbe exister doit être compris à la lettre : construit sur le préfixe « ex », qui signifie « hors-de », ce mot désigne un mouvement par lequel on se projette hors de soi-même. Seuls les êtres imparfaits peuvent exister. L’être parfait, lui, ne peut dès lors pas exister ; en revanche il peut être, immuablement identique à lui-même. Il y a deux conséquences au fait que nous existions. La première est apparemment positive : nous sommes libres. Puisque rien ne détermine à l’avance ce que nous pouvons devenir, puisque même ce que nous sommes maintenant ne définit pas ce que serons demain, nous avons toute latitude pour devenir ce que nous ne sommes pas encore. La bonne nouvelle, pour le lycéen en terminale, c’est qu’un an plus tard il ne sera pas lycéen. Mais que sera-t-il ? Bonne question, à laquelle on ne peut pas répondre tant qu’on ne sera pas un an plus tard. C’est la seconde conséquence : exister, c’est avancer dans la vie sans savoir vers où on va, ni même ce qu’on sera. C’est se pencher au-dessus du vide, et accepter de le faire suffisamment pour y tomber pour de bon.

D’un côté, donc, la possibilité de devenir ce qu’on n’est pas encore, sans même être censé devenir quoi que ce soit ; de l’autre l’absence de tout sens donné à l’existence. Cette absence de sens, Camus l’appelle « absurde ». C’est le concept central du courant de pensée qu’on appelle existentialisme, qui trouve ses racines chez au 17e siècle chez Pascal, et se développe au 20e siècle chez Jean-Paul Sartre. Et c’est ce dernier qui exprimera le plus clairement ce vertige, dans l’apparent paradoxe de cette formule bien connue : « L’homme est condamné à être libre » (L’Exitentialisme est un humanisme).

Le point de départ est donc la question du sens de l’existence, puisque ni la direction que celle-ci doit prendre ni sa valeur ne sont évidents. Reste que nous ne vivons pas en permanence dans ce doute. Il faut donc qu’une expérience singulière fasse monter en nous cette nausée, pour qu’émerge ce problème philosophique.

2 – L’inquiétude philosophique

A – Soyons désinvoltes, n’ayons l’air de rien

Si les deux premiers paragraphes montrent à quel point la question de la valeur de notre existence est importante, au point d’être primordiale, la suite de cet extrait va montrer comment cette question se forge peu à peu jusqu’à se formuler comme un véritable problème. Mais avant de voir comment on passe de l’existence à une inquiétude profonde portant sur celle-ci, il faut qu’on se demande pourquoi, en temps normal, on fait comme si de rien n’était.

C’est que le « temps normal » est celui de l’habitude, du train-train quotidien. C’est tout juste si Camus n’utilise pas la litanie « Métro, boulot, dodo ». L’habitude est une forme de divertissement : en remplissant le présent, elle empêche toute forme de perspective. Enfermés dans une boucle qui répète le présent à l’infini, on reporte l’essentiel sur un avenir auquel on ne laisse pas le temps d’advenir. On repousse tout à un plus tard qui semble se trouver hors du temps, Si Camus peut déjà s’appuyer sur le rythme de la vie quotidienne dans les années 40 pour illustrer son propos, on trouve aisément l’écho de cette description dans nos propres vies. Le travail y occupe toujours une place de choix, mais les divertissements toujours immédiatement présents, offerts dans la paume de la main pour le plaisir des yeux sous la forme d’un flux d’images sans fin, achèvent de nous plonger dans une absurdité dont on n’a pas le temps de prendre conscience. Comme une sorte d’absurdité au carré.

B – L’éveil

Noyés dans ce bain ; comme emportés par le flot de ce qui nous occupe l’esprit et détourne notre attention, nous fonctionnons comme pourraient le faire des machines, sans aucun recul sur notre propre situation. Il faut donc une rupture, une brèche dans l’ordre des choses, pour que nous cessions de considérer celui-ci comme normal. C’est pour cette raison que Camus évoque l’image d’un décor qui s’effondre. Il faudrait avoir en tête un éveil aussi radical que celui de Neo, dans le premier volet de la quadrilogie Matrix. Mais ici, pas de pilule à avaler : c’est parce que cette répétition va provoquer l’ennui que soudain tout va sembler étrangement dénué de sens.

Camus évoque l’émergence de l’étonnement. Cet état d’esprit est connu en sciences, puisqu’il est le point de départ de celle-ci : être scientifique, ce n’est pas répéter en boucle des connaissances déjà établies, c’est au contraire chercher sans cesse de nouvelles connaissances, afin de répondre à de nouvelles questions. C’est aussi remettre en question, en permanence, ce qu’on croyait établi. En sciences, chaque fois qu’un phénomène semble désobéir aux lois scientifiques connues, on se met en quête de lois davantage capables de rendre compte, fidèlement, du monde. Ces phénomènes qui réveillent les scientifiques et les sortent de leur dogmatisme s’appellent des « faits polémiques ». L’un des plus connus, car on peut le reproduire dans sa cuisine, est le matériau curieux qu’on obtient en mélangeant une proportion précise de maïzena et d’eau : liquide quand on le manipule de façon douce et fluide, solide quand on le brutalise. Ce liquide ne respecte pas les lois de progressivité dans le passage de cette matière d’un état (liquide ou solide) à l’autre. Ces lois ayant été découvertes par Newton, on dit donc de la maïzena mélangée à l’eau qu’elle est un matériau « non newtonien ». Et tout esprit scientifique devant un tel phénomène, se demande évidemment « comment ? »

Ce moment de la science est important, car il indique aussi en quoi consiste toute démarche de recherche, y compris en philosophie : il y a un moment où on croit savoir. C’est cette période durant laquelle on croit pouvoir se permettre d’être dogmatique (être dogmatique, c’est être persuadé d’avoir atteint des connaissances certaines, qui ne peuvent plus être remises en question). Mais au moment où on est confronté à un fait polémique, l’expérience prend le dessus sur la connaissance, et on est forcé d’abandonner le dogmatisme pour devenir, au moins provisoirement sceptique, au sens où il faut bien admettre que, contrairement à ce qu’on pense généralement : on ne sait pas (et c’est là le principe fondamental du scepticisme : ne plus rien affirmer, puisqu’on constate qu’on est ignorant).

C – Du comment ou pourquoi ?

Avec Camus, c’est une autre question qui est posée, nettement plus énigmatique ; celle du sens. Il ne s’agit plus de se demander comment vivre, mais pourquoi le faire. Ainsi, si sur la forme la genèse du questionnement suit une piste assez semblable en science et en philosophie (on confronte ce qu’on voit à ce qu’on sait, jusqu’à découvrir que ce qu’on sait ne coïncide pas avec ce qu’on voit), en réalité, les questions posées sont très différentes. En science, on cherche des relations de causes à effets constantes, qui s’expriment sous forme de lois dont on va essayer de démontrer et prouver la validité,; en philosophie le questionnement porte sur le sens de la vie, sa signification, ce qui réclame un travail d’interprétation sans cesse repris, partagé, discuté, remis en question. La question du sens émerge précisément quand le sens commun, ce qu’on pense être le signification évidente des choses, s’effondre. Ce sont les situations les plus absurdes qui mettent en évidence le fait que derrière une apparente cohérence, nos vies sont en réalité bien plus insensées qu’on ne l’aurait cru. Ces situations constituent pour nous un coup de massue existentiel, une remise en question violente. Soudain, ce qui semblait jusque-là familier devient étranger, Il faut se perdre dans le monde pour comprendre qu’en fait on y est complètement largué.

Conclusion : la philosophie comme quête de sens

Ainsi, la philosophie est cette disposition de la pensée qui se confronte à ce qu’elle ne sait pas, à ce qu’elle ne comprend pas. La science aussi. Mais la philosophie se donne une mission encore plus compliquée car les réponses aux questions qu’elle se pose ne se trouvent pas dans le monde matériel. Elles ne relèvent pas de l’observation, et les réponses qu’elle propose ne peuvent pas être appuyées sur des preuves matérielles. De plus, elle ne cherche pas des causes, mais du sens, travaillant dès lors autant sur le terrain de la démonstration logique que sur celui de l’interprétation. On reconnaît dès lors l’importance des questions philosophiques au fait qu’elles nous rendent étrangers au monde, qu’elles font tomber les décors dans lesquels nous avons nos habitudes pour ramener le monde à ce qu’il est : un espace insignifiant, dans lequel on ne peut dès lors vivre tel quel. Et par « monde » ici, il faut entendre aussi bien l’univers matériel dans lequel nos corps évoluent, que les mots dont on se sert pour penser et dire ce monde, que les connaissances que nous avons à son sujet. La philosophie s’attaque dès lors à la totalité des dimensions de notre existence, et s’en prend à nous, corps et âme. Raison suffisante sans doute pour ne pas la pratiquer de façon continue.

Poser la question du sens de l’existence ne signifie évidemment pas qu’elle n’ait aucun sens. Il s’agit plutôt d’émettre au moins l’hypothèse qu’elle n’en ait pas a priori. Rien n’empêche cependant d’émettre l’hypothèse qu’elle puisse en avoir un, ou plusieurs, après avoir diagnostiqué son absurdité originelle et au-delà de cette absurdité. L’humanité a après tout le don d’apporter du sens à ce qui n’en a pas, C’est ce qui permet au Mythe de Sisyphe de Camus de s’achever sur ces célèbres mots : « Il faut imaginer Sisyphe heureux ».


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