Les films libèrent la tête – 1

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Mes élèves ont eu la chance d’être conviés à une projection qu’ils ont ressentie comme éprouvante de Tous les autres s’appellent Ali, à l’issue de laquelle j’espère qu’ils ont compris, maintenant, que l’agitation de la salle n’enlevait rien au film mais qu’au contraire, elle en mettait en évidence le caractère toujours actif, comme on pourrait dire d’une matière qu’elle est toujours radioactive, qu’elle produit toujours des effets secondaires sur les sujets qui y sont exposés. Ils auront pu ainsi constater à quel point il y a parfois un écho étonnant entre une salle et un écran, sans qu’il y ait un seul instant du film dont on puisse dire qu’il constitue une représentation documentaire, ou « réaliste » de la vie (et c’est bien là que le film présente une puissance spécifique, et produit ses effets les plus grinçants, on en aura été témoins).

A l’issue de la présentation de ce film, j’avais promis à ces élèves un complément, sur lequel j’ai eu un peu de mal à remettre la main.

On le sait, le film de Fassbinder est en fait tissé sur la trame d’un film de Douglas Sirk, Tout ce que le ciel permet, dont il pourrait constituer une sorte de reprise décalée selon le style, les méthodes et les propos spécifiques à Fassbinder. Et même si l’apparence du film semble très éloignée des pastels sirkiens, il y a chez le réalisateur allemand un hommage véritable rendu à son prédécesseur américain, hommage que Fassbinder lui rendit non seulement sur pellicule, mais aussi par écrit, et dont on a la retranscription dans un volume aujourd’hui épuisé, intitulé Les films libèrent la tête, recueillant une partie fort intéressante des textes de Fassbinder sur son propre art.

Le premier chapitre de ce recueil est précisément consacré à Douglas Sirk, et constitue non seulement l’expression de son héritage, mais aussi un commentaire des films du maître américain. Pour éveiller notre curiosité, Fassbinder a la bonne idée de commencer son parcours cinématographique par Tout ce que le ciel permet, et de film en film, c’est comme si on enlevait la pellicule de convenances qui habille tous les films de Sirk, et qu’on en mettait à nu le squelette de cruauté qui les soutient. On cerne alors beaucoup mieux ce qui, au delà des apparences, lie ces deux cinéastes et ces deux oeuvres, puisqu’après tout, c’est bien des rapports entre des êtres et leur milieu, entre des hommes et le monde, qu’il s’agit.

Je me suis permis, étant donné le caractère très rare de cet ouvrage, d’en reproduire ici les pages qui nous concernent. Que cela incite chacun à fouiller les bouquinistes ou les boutiques en ligne pour s’en dégoter un exemplaire. Le mieux étant évidemment, à l’image de celui que j’ai en mains, emprunté à la bibliothèque Valeyre (Paris 9ème), d’en trouver un qui soit un peu abîmé, avec des annotations dans les marges, qui soit passé de mains en mains pour faire de nous, en atterrissant dans entre nos mains, les héritiers d’une transmission; la basse définition de la photo illustrant la couverture s’accommode tout à fait idéalement des outrages du temps. Un détails : la bibliothèque Valeyre présente un classement un peu anarchique de ses ouvrages de cinéma. Pour des raisons mystérieuses, l’ouvrage de Fassbinder devrait se trouver avec les autres ouvrages cotés 791.431 FAS, mais en fait, il y a un petit lot de livres qui se situent plus à gauche, tout en bas, parmi lesquels j’ai trouvé l’exemplaire qu’il me fallait. On ne sait pas où il se trouvera quand je l’aurai rendu (sinon, la réserve centrale en possède, elle aussi, un exemplaire).

Voici donc, scannées, les pages de ce chapitre :

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