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Encore des sujets qui ne tomberont pas dans l’hexagone la semaine prochaine. Qu’importe, c’est de nouveau, grâce aux centres d’examen du continent africain, l’occasion de se confronter à des questions et de s’y mesurer, sachant qu’en réalité, elles sont autant d’occasion de se confronter à soi-même. On peut se lancer un moment, sur chaque sujet, tranquillement, en prenant l’habitude d’analyser les concepts mis en jeu, et de discerner, à partir de cette analyse, les fameuses différentes dimensions qui permettraient de construire un plan. Peu à peu, on prend l’habitude de regarder à travers le sujet pour mieux repérer ce qui pose problème. Et si on y parvient le jour J, on prend déjà une sérieuse option sur la réussite. 

Sujets de la filière L : 

Sujet n°1
Croire, est-ce renoncer à la raison ?

Sujet n°2
Les hommes peuvent-ils s’entendre sur ce qui est juste ?

Sujet n°3

Expliquer le texte suivant :

« Dans la perception j’observe les objets. Il faut entendre par là que l’objet, quoiqu’il entre tout entier dans ma perception, ne m’est jamais donné que d’un côté à la fois. On connaît l’exemple du cube : je ne puis savoir que c’est un cube tant que je n’ai pas appréhendé ses six faces ; je puis a la rigueur en voir trois à la fois, mais jamais plus. Il faut donc que je les appréhende successivement. Et lorsque je passe, par exemple, de l’appréhension des faces ABC, à celle des faces BCD, il reste toujours une possibilité pour que la face A se soit anéanti durant mon changement de position. L’existence du cube demeurera donc douteuse. En même temps, nous devons remarquer que lorsque je vois trois faces du cube à la fois, ces trois faces ne se présentent jamais à moi comme des carrés : leurs lignes s’applatissent, leurs angles deviennent obtus, et je dois reconstituer leur nature de carrés à partir des apparences de ma perception. Tout cela a été dit cent fois : le propre de la perception, c’est que l’objet n’y paraît jamais que dans une série de profils, de projections. Le cube m’est bien présent, je puis le toucher, le voir ; mais je ne le vois jamais que d’une certaine façon qui appelle et exclut à la fois une infinité d’autres points de vue. »

SARTRE, L’Imaginaire, 1940

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

 

Sujets de la filière ES : 

Sujet n°1
Le respect de la morale est-il une preuve de la liberté ?

Sujet n°2
Y a-t-il un sens à débattre de la vérité ?

Sujet n°3

Expliquer le texte suivant :

Quand une oeuvre s’adresse au public, même si j’ai de l’amitié ou de l’inimitié (1) pour l’auteur, je dois me détacher de cette situation, et, me considérant simplement comme un homme en général, oublier, si possible, mon  être singulier et les circonstances qui me sont particulières. Un homme qui est sous l’emprise du préjugé ne se soumet pas à cette condition, mais garde avec obstination sa position naturelle, sans se placer à ce point de vue précis que l’oeuvre demande. A supposer que celle-ci soit destinée à des personnes d’une époque ou d’une nation différente, il ne tient aucun compte des conceptions et des préjugés qui leur sont propres, mais, tout pénétré des moeurs de son époque et de son pays, condamne avec rudesse ce qui paraissait admirable à ceux pour lesquels seulement le discours fut composé. Si l’oeuvre est faite pour le public, il n’élargit jamais suffisamment le champ de sa compréhension, et n’oublie pas suffisamment l’intérêt qu’il lui porte en tant qu’ami ou ennemi, en tant que rival, ou commentateur. Par ce biais, ses sentiments sont faussés, et les mêmes beautrés et les mêmes fautes n’ont pas sur lui la même influence que s’il s’était fait violence de la manière appropriée, en ce qui concerne son imagination, et s’était, pour un temps oublié lui-même. Son goût, bien évidemment, s’écarte pour autant de la véritable norme, et perd, par conséquent, toute crédibilité et toute autorité.

HUME, De la norme du goût (1757)

(1) « inimitié » :  contraire de l’amitié

La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.

Sujets de la filière S :

Sujet n°1
Une oeuvre d’art doit-elle nécessairement nous émouvoir ?

Sujet n°2
Peut-on ne pas adhérer à une démonstration ?

Sujet n°3

Expliquer le texte suivant :

En   menant   une   existence   relâchée les   hommes   sont   personnellement 
responsables  d’être devenus  eux-mêmes  relâchés,  ou  d’être  devenus  injustes  ou intempérants(1), dans le premier cas par leur mauvaise conduit et dans le second en passant  leur  vie  à  boire  ou  à  commettre  des  excès  analogues : en  effet,  c’est  par l’exercice  des  actions  particulières  qu’ils  acquièrent un  caractère  du  même  genre qu’elles. On peut s’en rendre compte en observant ceux qui s’entraînent en vue d’une compétition  ou  d’une  activité  quelconque : tout  leur  temps  se  passe  en  exercices. Aussi, se refuser à reconnaître que c’est à l’exercice de telles actions particulières que sont dues les dispositions de notre caractère est le fait d’un esprit singulièrement étroit. En outre, il est absurde de supposer que l’homme qui commet des actes d’injustice ou d’intempérance ne veuille pas être  injuste ou intempérant; et si, sans avoir l’ignorance pour  excuse,  on accomplit  des  actions  qui  auront  pour  conséquence  de nous rendre injuste,  c’est  volontairement  qu’on  sera  injuste.  Il ne  s’ensuit  pas cependant  qu’un simple souhait suffira pour cesser d’être injuste et pour être juste, pas plus que ce n’est ainsi  que  le  malade  peut  recouvrer  la  santé,  quoiqu’il  puisse  arriver  qu’il  soit  malade volontairement  en  menant  une  vie  intempérante  et  en  désobéissant  à  ses  médecins : c’est  au  début  qu’il  lui  était  alors  possible  de  ne  pas  être  malade,  mais  une  fois  qu’il s’est  laissé  aller,  cela  ne  lui  est  plus  possible,  de  même  que  si  vous  avez  lâché  une pierre vous n’êtes plus capable de la rattraper. Pourtant il dépendait de vous de la jeter et de la lancer, car le principe de votre acte était en vous. Ainsi en est-il pour l’homme injuste ou intempérant : au début il leur était possible de ne pas devenir tels, et c’est ce qu’il fait qu’ils le sont volontairement ; et maintenant qu’ils le sont devenus, il ne leur est plus possible de ne pas l’être.

ARISTOTE, Éthique à Nicomaque (IVe siècle av. J.C.)

(1) intempérants : sans retenue

La connaissance de l’auteur n’est pas requise. Il faut et if suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont if est question

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